Mois : août 2021

Lectures d’été

Deux livres très différents dont j’ai envie de vous parler… Leurs points communs ? Ils étaient dans mon sac pour les vacances. 😉

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Vango, de Timothée de Fombelle : un grand (et gros) roman d’aventure, avec du mystère, des rebondissements, de beaux personnages… Il est écrit par Timothée de Fombelle et il n’y a pas besoin d’en dire plus : on sait qu’on va être embarqué, ému, dépaysé, qu’il y aura du sens, du suspens, de l’espoir…

On y découvre Vango, orphelin au passé mystérieux, échoué un jour sur une plage sur une île de Sicile, accompagné par une femme qui a tout oublié sauf qu’elle est sa nourrice, et qui parle l’italien, le français, l’anglais, le russe ou le grec… aucun indice sur leur pays d’origine, aucun indice tout court à part un mouchoir brodé…

On est à la fin des années 30, on fait le tour du monde en dirigeable, les uniformes nazis envahissent l’Allemagne, les jeunes femmes conduisent des voitures à toute allure sur les routes d’Écosse, quelques amis rêvent de maintenir la paix malgré tout… et Vango est poursuivi par des personnages mystérieux, qui veulent sa mort sans qu’il puisse comprendre pourquoi…

Ce premier tome s’arrête sur quelques révélations et encore plus de suspens.

Il a été dévoré très rapidement par mes deux miss de 16 et 13 ans, et leur frère de 11 ans va forcément adorer aussi ! Moi, je l’ai lu tout aussi vite mais je fais une pause entre les tomes – après avoir vérifié que le tome 2 commence par un petit résumé… idéal pour moi qui ne peut (presque) jamais enchaîner les tomes d’une même série.

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Kill the Indian in the child, d’Élise Fontenaille : un roman très court, percutant, sur un sujet très dur, inspiré d’une histoire vraie.

Au Canada, jusqu’au milieu des années 90, les jeunes indiens étaient obligés d’aller dans des pensionnats destinés à les « rééduquer », faire disparaître tout ce qui était indien en eux pour en faire de « vrais occidentaux ». J’avais déjà entendu parler de ces pensionnats, et des dégâts terribles qu’ils ont pu faire, créant des générations de déracinés, n’appartenant vraiment à aucun monde, sans repères… Je n’avais pas conscience par contre des sévices terribles qui avaient pu être commis dans ces établissements tenus par des religieux. Le livre nous les fait découvrir, aux côtés du jeune Mukwa (mais pas question de l’appeler comme ça, là-bas, ce sera « numéro 15 »). Et même si certaines choses sont suggérées, c’est très (très) dur…

C’est très bien écrit. La forêt, la vie sauvage, les murs du pensionnat, l’hypocrisie des uns, le sadisme des autres… On est plongé dedans, sans filtre. En même temps, une touche de fantastique vient transfigurer l’histoire, la rendre plus supportable et l’emmener sur un autre registre…

On en sort bouleversé et un peu sonné.

Un beau livre, à réserver aux adultes et aux ados les plus grands : ma miss de 16 ans l’a beaucoup aimé, mais je ne suis pas sûre de le proposer à sa sœur de 13 ans tout de suite… Même si elle a déjà entendu parler de sujets tout aussi difficiles, c’est autre chose de les lire décrits par des yeux d’enfant…

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Les lectures de vacances ne sont pas finies… je vais pouvoir aller reremplir mon sac ! 🙂

Instagrammable – Éliette Abécassis

Difficile de faire preuve de recul quand il s’agit des réseaux sociaux, que ce soit sur la manière dont nous les utilisons ou ce que nous voyons autour de nous… Bien sûr, « ils ont envahi notre vie », « ils sont partout »… On en parle, on commente… mais ce qu’on en dit, est-ce vraiment vrai ? Est-ce qu’on ne reste pas un peu à la surface ?

Je me souviens, en vacances, de cette (très jolie) jeune fille qui brandissait fièrement une barbapapa dans la rue, telle la statue de la liberté… un (ou une) ami(e), téléphone en main, immortalisait l’instant… Puis, la jeune fille regardait l’écran, échangeait quelques mots, reprenait la pose…

A-t-elle finalement mangé sa barbapapa ? La photo a-t-elle été retouchée, filtrée, partagée, publiée ? Qu’est-ce qui se joue vraiment dans cette petite scène, qui paraît un peu absurde regardée de l’extérieur mais que les protagonistes trouvent sans doute parfaitement naturelle ?

C’est un peu à tout ça que s’attaque Éliette Abécassis dans Instagrammable. Les réseaux sociaux, les réputations qui s’y font et s’y défont, les petits mensonges, les sentiments sincères ou surjoués, la vie à travers un filtre… On y suit des lycéens, mais aussi quelques parents (pas forcément plus au clair sur leur relation avec les réseaux sociaux) au sein d’une histoire mi-comédie mi-drame, acide, sans complaisance…

La quatrième de couverture parle de « Liaisons dangereuses à l’ère d’Instagram » et c’est sans doute le coup de génie du livre, d’avoir rapproché la superficialité de notre époque de celle des salons du XVIIIème siècle, où rien n’est pire que perdre sa réputation et où on rencontre les manipulateurs les plus cyniques comme les jeunes gens les plus candides… C’est un des petits plaisirs du livre de trouver ces rapprochements, des résonances, qui font de nos questions contemporaines des sujets intemporels…

Le livre est bien écrit, l’histoire bien montée, on a envie de connaître la suite et il se lit d’un trait. Pourtant, je l’ai refermé avec l’impression que quelque chose aurait pu aller plus loin, plus profond peut-être… Comme si tout cela était décrit un peu « de l’extérieur », n’avait pas réussi à me faire vraiment entrer dans la tête de ces ados pris dans les méandres des relations virtuelles. Avec le sentiment de ne pas avoir perçu « de l’intérieur » ce qu’Instagram représentait vraiment pour eux. Alors que, d’un autre côté, je suis immédiatement entrée dans la tête des parents – ah ! la réunion parent-professeurs sur le labyrinthe de Parcours Sup… ça sent vraiment le vécu ! Et que les regards multiples posés sur les parents par leur ado, leurs relations adultes, étaient si réussis…

Est-ce que c’est parce que j’ai des ados à la maison que je n’ai pas reconnu leur manière de penser, de parler ? Ma miss de 16 ans, qui l’a aussi lu d’une traite, a protesté que les ados (elle, ses amis) ne sont pas comme ça. Et précisé que telle scène, présentée comme instagrammable, l’était à une époque mais ne l’est plus maintenant… tout évolue si vite sur les réseaux sociaux…

Alors, le roman qui dira tout d’Instagram n’a sans doute pas encore été écrit… mais Instagrammable est plus qu’une tentative, plutôt une étape, un premier discours… Intéressant à lire et encore plus à discuter et commenter (on en a bien parlé en famille !).

Vous me direz, si vous le lisez, ce que vous en avez pensé ?

(en photo, en haut de l’article, un homard brodé hautement instagrammable… ou pas ?)