Mois : février 2021

L’empreinte – Alex Marzano-Lesnevich

Il y a des livres, en bibliothèque, on a du mal à les classer. C’était le cas de L’empreinte, fraîchement arrivé dans nos achats de l’année. Oh, j’en avais entendu parler, beaucoup, en bien, mais j’en gardais un souvenir trop vague, ne l’ayant pas lu…

Est-ce que c’était un roman ? Un policier ? Une histoire autobiographique ? Une enquête sur des faits réels ? Une enquête sur la peine de mort (à mettre en documentaire, rayon société) ? Il avait eu le prix du livre étranger 2019 (pas sûr que ça nous aide beaucoup). Et le prix des lectrices Elle, catégorie Documents (là, c’était sûr, c’est une histoire vraie, non ?).

Après quelques discussions avec mes collègues, quelques recherches sur internet, nous avons décidé de le mettre en « 920 – Biographies ». Pour l’histoire vraie.

Et moi, j’ai décidé de le lire, histoire d’en avoir le cœur net.

J’ai été prise comme par une fiction, une fiction forte… sauf que tout y est vrai.

L’empreinte, ce sont deux histoires (et même un peu plus) qui se rencontrent. Un fait divers, comme on dit : le meurtre d’un petit garçon de six ans, par un pédophile. Ce fait divers heurte la vie d’Alexandria Marzano-Lesnevich, étudiante en droit, alors qu’elle commence son stage de première année dans un cabinet d’avocat spécialisé dans la peine de mort.

Et ce jour-là, ce sont des histoires multiples qui se collisionnent : celle de Ricky Langley, condamné pour ce meurtre qu’il a avoué, qui attend son procès d’appel. Celle de Jérémy, le petit garçon qu’il a tué. Celle d’Alexandria, dont le passé résonne avec cette histoire, qui veut comprendre. Celles aussi de Lorilei, la mère de Jérémy. Celle des parents de Ricky, de sa famille. Celle de Terry, Pearl, chez qui Ricky habite. Celle des policiers qui mènent l’enquête, celle du juge, des jurés…

Alex Marzano-Lesnevich démêle tous ces fils, à moins qu’elle ne les tisse entre eux, pour chercher un sens qu’on ne peut jamais cerner tout à fait. Elle fait revivre tous ces personnages, à travers une foule de petits détails réinventés : les motifs d’une robe, l’odeur de l’herbe coupée… Elle nous entraîne dans un récit incroyablement bien construit, dur parfois, forcément, où tout sonne vrai comme dans un roman mais où, comme dans la réalité, on n’obtient pas toujours toutes les réponses.

Elle nous entraîne dans ce récit nourri de fiction mais d’une rigueur absolue, où un « peut-être », ou un « je l’imagine ce jour-là » marquent discrètement la frontière de ce qui a été « réinventé ».

Ses personnages ne révèlent jamais tout à fait leurs secrets, on a l’impression de les connaître, pourtant, on découvre combien même les « monstres » ont plusieurs facettes, que rien n’est jamais simple…

À la fin, rien n’est complètement résolu mais les choses arrivent tout de même à une conclusion – cette forme de conclusion qui permet de continuer à vivre, de se dire qu’on n’a pas fait « le tour de la question » (on ne le fera jamais) mais qu’on a remis les choses assez en ordre pour aller de l’avant…

C’est un beau livre, difficile, très bien traduit aussi dans un français agréable à lire. Pas un livre léger pour se détendre, c’est sûr, mais un livre à lire, sûrement aussi…

Maison Ronde – Charlie Zanello

J’aime la radio. Oh, je n’écoute presque jamais la radio en direct : ni les infos, ni la musique… mais j’aime les émissions de radio, parmi lesquelles je choisis des podcast, qui sont parfois des entretiens, des reportages, parfois des feuilletons…

La plupart du temps (presque toujours en fait), ce sont des émissions de Radio France.

Alors, forcément, cette plongée en BD dans la « Maison Ronde », celle qui abrite France Inter, France Culture, France Musique… ça m’intéressait.

Le bâtiment m’évoquait des souvenirs d’ancienne francilienne, aussi. Donc j’avais très hâte de la découvrir…

Précisons une chose tout de suite : pas besoin d’être francilien(ne), ni ancien(ne) ni actuel(le) (ces parenthèses, c’est l’enfer… mais bon, vous voyez ce que je veux dire, qu’on soit fille ou garçon, quoi !). Parce que cette BD m’a été recommandée par une collègue qui l’avait empruntée avant moi et qui, pour le coup, est 100% drômoise. Mais elle écoute la radio. Parce que la radio, ça nous réunit tous, non ?

Charlie Zanello est donc auteur de BD, et il part pour un an dans la Maison Ronde. Il nous explique tout.

Oui, bon, c’est vaste, la Maison Ronde… mais pas de panique, on va faire comme lui, on va la traverser au hasard des rencontres.

On part donc se perdre avec lui. Et c’est un bonheur de se perdre et de découvrir… L’enregistrement d’un feuilleton, la matinale, le Tour de France en direct (dans le véhicule qui suit/précède le Tour), les sous-sols, la bibliothèque secrète de Radio France, l’annonce des audiences, la grève, aussi…

Avec lui, on découvre les coulisses, tous ces métiers qui font vivre la radio…

Tous ces gens passionnés, sur lesquels il pose un regard toujours bienveillant, où l’humour se mêle toujours d’une pointe de tendresse… On découvre les coulisses telles qu’on a toujours rêvé de les voir, et plein de petites choses auxquelles on n’avait jamais pensé.

J’ai beaucoup aimé son regard, son dessin tellement vivant (d’ailleurs, ça se voit, je vous ai mis plein d’extraits !). D’ailleurs, c’est simple, j’aurais presque envie d’en mettre d’autres… mais autant vous donner le lien vers le site de l’éditeur, où vous pourrez découvrir les premières pages…

C’est un gros pavé aussi de 200 pages, qui se lit très vite, et donne envie de le partager. Pour tous les amoureux de BD, de radio, ou des deux…

Le Prince Cruel – Holly Black

Évasion par la lecture…

C’était essentiel au moment où Rageot proposait ce titre aux blogueurs, pendant le reconfinement… et ce n’est pas moins essentiel maintenant, dans cette période d’incertitudes et de contraintes…

À l’époque, j’étais dans les réorganisations/réadapations de toutes mes activités et, le soir venu, il était bien difficile de se plonger dans un livre. J’avais beau vouloir, mon esprit repartait ailleurs, vers les tracas et soucis qui s’accumulaient…

Un livre comme Le Prince Cruel, c’était exactement ce dont j’avais besoin. Le genre de livre dont les pages se tournent toutes seules, où on se dit « allez, encore un dernier chapitre et j’arrête » ou bien « je lis encore 10 minutes »… pour relever les yeux et vérifier l’heure… euh… disons bien des chapitres ou des minutes après.

Alors, j’ai tardé à vous en parler (faute au manque de temps et aux journées tourneboulées, encore), mais aujourd’hui, c’est aussi à propos (peut-être plus ?) qu’au moment où je l’ai lu.

Évasion par la lecture, donc, et quitte à s’évader, autant le faire loin, très loin, dans un autre monde.

Vers le monde des fées, des lutins, des nixes, des pixies… Un monde coloré, bigarré, cruel et… damassé. Bon, ce n’est pas le bon mot, dans doute, mais j’aime bien, parce qu’il désigne à la fois la riche étoffe aux motifs de velours et l’acier d’une épée tranchante. Il y a des deux, dans ce monde, la beauté et la douceur du velours et la froideur de l’épée…

Tout commence ainsi dans la violence. Rattrapée par un passé qu’elle ne connaît pas, la toute jeune Jude est enlevée avec ses sœurs et emmenée dans ce monde merveilleux et dangereux. Dix ans plus tard, elle est devenue une jeune fille déterminée, qui en connaît les pièges et les dangers mais aussi la fascination. Les faes, ces créatures fantastiques, ont une beauté irrésistible et le redoutable pouvoir d’imposer leur volonté aux humains, ou de leur accorder des vœux plus terribles que des pièges. Mais ils ne savent pas mentir. Ce qui donne à Jude, étrangement, un pouvoir qu’ils ne peuvent posséder…

Dès les premières pages, ce roman m’a fait penser à des grands succès du roman ado : Twillight, Hunger Games… C’est aussi prenant, cela se dévore de la même manière. Pour autant, l’intrigue et l’univers n’ont rien à voir. Et même si au début, on retrouve un monde qui rappelle le lycée, avec ses professeurs, ses clans, ses rivalités (mais version Fae), on s’en éloigne assez vite pour découvrir des intrigues de cour, des luttes de pouvoir…

Alors, je n’ai pas été véritablement surprise par tous les personnages ou tous les rebondissements (mes miss le seront sans doute plus… c’est ça d’avoir beaucoup lu) mais je me suis laissée prendre par le suspens, et j’ai été pour le coup vraiment surprise par les dernières pages.

Parce que, pour tout vous dire, j’étais persuadée qu’il s’agissait d’une histoire en un seul tome alors qu’en fait, c’est une trilogie… Et là, je me suis faite avoir, je suis obligée de lire la suite maintenant… Heureusement, elle sort bientôt….

Mais ce que j’ai préféré, c’est l’univers, riche de toutes ces références au folklore anglo-saxon, à la fois si familier et si dépaysant… Il m’a fallu attendre les dernières pages pour comprendre que l’auteur, Holly Black, c’est autre que l’auteur des Chroniques de Spiderwick (je ne l’ai pas lu, mais j’ai lu un album documentaire sur les créatures imaginaires du livre, et j’avais beaucoup aimé ). Forcément, elle sait créer un univers…

Bien sûr, je l’ai recommandé à mes miss. Et j’ai eu envie de jouer un peu avec la (sublime) couverture, pour tenter de rendre un peu de cet univers.

Maintenant, il ne reste que deux questions : comment découvrir au plus vite la suite ? Et… faut-il lire Les Chroniques de Spiderwick en attendant ?