Mois : décembre 2021

La reine sous la neige – François Place

C’est une histoire farfelue et tendre, follement originale… Une histoire impossible à résumer, aussi. D’ailleurs, François Place y a renoncé. On peut ainsi lire en quatrième de couverture :

Une tempête en plein ciel,
un avion dérouté,
un vol de portable,
un coup de foudre,
deux amoureux,
une reine morte,
un enfant perdu,
un tigre évadé du zoo,
une statuette de plastique,
une enquête impossible,
Londres sous la neige…

Ce qui est rigoureusement exact, et qui donne plutôt une bonne idée de l’ensemble… mais qui ne dit pas grand chose non plus.

Essayons, quand même…

Il est question, donc, de la reine. Pas n’importe quelle reine : la reine d’Angleterre. Elisabeth II, mine de rien (ou pas), va jouer un rôle essentiel dans cette histoire, sans qu’on entre jamais dans les couloirs du palais de Buckingham.

Mais cela commence dans un avion, parti d’Afrique du Sud pour rejoindre les Pays-Bas. Tempête de neige sur Amsterdam, sur toute l’Europe du Nord en fait, et l’avion est dérouté sur Londres. À son bord, Sam, une jeune fille de 18 ans qui traîne un sac à dos et quelques souvenirs douloureux, et qui se retrouve soudain un peu perdue, dans cette ville où elle ne connaît personne. Enfin, presque personne (et ça, vous le découvrirez en lisant l’histoire).

Au fil des pages, des inconnus vont lui tendre la main, et elle va tendre la main à des inconnus. Les choses vont dérailler et trouver des solutions inattendues. Et nous, lecteurs, nous allons faire connaissance avec une foule de personnages, originaux et attachants, dont les destins se croisent…

C’est farfelu et original, donc, créatif, un peu comme un conte de Noël zarbi qui se passerait au mois d’avril… En fait, ça ne ressemble à rien de connu, et c’est ça aussi qui est chouette.

J’ai passé un excellent moment à traverser ce livre, un peu déroutée au début – un roman ado, j’avais tendance à rechercher des codes… tout est allé mieux quand j’ai compris qu’il n’y en avait pas ! Je me suis parfois un peu perdue dans le fil des personnages – ne faites pas comme moi, ne plongez pas dedans à point d’heure après avoir enfin bouclé toutes vos tâches en retard, avec les yeux qui se ferment tout seuls !

J’ai fini le livre séduite par la brillante manière dont l’auteur clôt le roman en rejoignant tous les fils qu’il a tissés… d’une façon, elle aussi, follement originale (parce que, avouons-le, c’était un peu « casse-figure » cette histoire !).

Et je l’ai refermé avec la furieuse et étrange envie de décorer notre cheminée d’une petite reine en plastique qui salue de la main… le truc ultra-kitch, qui ne me ressemble pas du tout… ne dites rien à ma famille, svp…

Violette Hurlevent et le Jardin Sauvage – Paul Martin, J-B Bourgeois

Il y a des livres magiques. Violette Hurlevent en fait partie.

C’est un livre qui a la magie de l’enfance, celle des « on dirait que je serais… » et des grandes aventures à la recherche d’un caillou qui parle, un bâton à la main, un gros chien en guise de monture…

La magie des illustrations aussi… Elles sont magnifiques : chaque page est une petite merveille de détails, de poésie, de composition… jamais aucune routine, on alterne entre des doubles-pages, des marges qui mangent le texte, de beaux dessins en regard d’une page pleine de texte, une branche qui traverse les deux pages…

Magie de l’histoire surtout, qui mêle le rêve et la réalité, le conte et les drames de la vie…

Mais commençons par le commencement. Le tout début de l’histoire…

Au tout début de l’histoire, Violette vient d’emménager dans la vieille maison de sa famille, avec sa maman et son petit frère. Cette maison, elle ne l’aime pas, son jardin en pagaille non plus. Et puis, elle en veut à tout le monde, surtout à son père sans doute, à cause de qui ils ont dû s’enfuir tous les trois. Un père qui lui fait très peur, et qui surgit tout à coup, alors qu’on pensait qu’il avait perdu leur trace.

Alors, elle plonge dans le jardin…

Mais non, au tout début de l’histoire, en fait, juste avant ce chapitre-là, il y a le jardin qui se réveille d’un très long sommeil. Quelqu’un arrive… quelqu’un qui va ramener la vie, qui va tout changer et peut-être, les préserver du désastre qui se prépare…

Et les deux histoires se tissent ensemble. Les aventures de Violette dans ce jardin peuplé de créatures extraordinaires, un jardin qui semble ne pas avoir de fin, où les herbes mouvantes forment un océan, où les taupes donnent des conseils, où les jardiniens veillent sur les prairies et où rôdent les loups…

Et puis, la vie au dehors, les secrets de famille cachés dans une boîte de photos, la nécessité de faire face, les peurs qui s’incrustent et la possibilité de se libérer du mal qu’on pu nous faire…

Le lecteur adulte va voir tout ça. L’enfant, peut-être pas, ou alors à sa manière, subtile, profonde, qui comprend que l’imaginaire et la réalité ne sont jamais loin l’un de l’autre…

C’est un très beau livre, à offrir à un enfant, à lui lire, ou à lire pour soi…

Un beau livre aussi par son format, son beau papier, la couverture au carton texturé, rehaussé de dorures et de touches de couleur…

Le tome 2 (suite et fin de celui-ci) vient de sortir, mais le tome 1 pourrait presque s’achever comme ça, sur une fin ouverte à tous les imaginaires…

Un beau livre à conseiller à l’approche de Noël, vraiment…

Pour les enfants – l’éditeur conseille à partir de 10 ans, c’est un gros livre donc pour les bons lecteurs… mais très accessible à mon avis plus jeune, si on aime se plonger dans des gros livres…

Mais sans en priver tous les adultes qui ont gardé une âme d’enfant et l’amour des contes, des arbres et de la magie cachée au creux des jardins sauvages…