Il y a des livres magiques. Violette Hurlevent en fait partie.

C’est un livre qui a la magie de l’enfance, celle des « on dirait que je serais… » et des grandes aventures à la recherche d’un caillou qui parle, un bâton à la main, un gros chien en guise de monture…

La magie des illustrations aussi… Elles sont magnifiques : chaque page est une petite merveille de détails, de poésie, de composition… jamais aucune routine, on alterne entre des doubles-pages, des marges qui mangent le texte, de beaux dessins en regard d’une page pleine de texte, une branche qui traverse les deux pages…

Magie de l’histoire surtout, qui mêle le rêve et la réalité, le conte et les drames de la vie…

Mais commençons par le commencement. Le tout début de l’histoire…

Au tout début de l’histoire, Violette vient d’emménager dans la vieille maison de sa famille, avec sa maman et son petit frère. Cette maison, elle ne l’aime pas, son jardin en pagaille non plus. Et puis, elle en veut à tout le monde, surtout à son père sans doute, à cause de qui ils ont dû s’enfuir tous les trois. Un père qui lui fait très peur, et qui surgit tout à coup, alors qu’on pensait qu’il avait perdu leur trace.

Alors, elle plonge dans le jardin…

Mais non, au tout début de l’histoire, en fait, juste avant ce chapitre-là, il y a le jardin qui se réveille d’un très long sommeil. Quelqu’un arrive… quelqu’un qui va ramener la vie, qui va tout changer et peut-être, les préserver du désastre qui se prépare…

Et les deux histoires se tissent ensemble. Les aventures de Violette dans ce jardin peuplé de créatures extraordinaires, un jardin qui semble ne pas avoir de fin, où les herbes mouvantes forment un océan, où les taupes donnent des conseils, où les jardiniens veillent sur les prairies et où rôdent les loups…

Et puis, la vie au dehors, les secrets de famille cachés dans une boîte de photos, la nécessité de faire face, les peurs qui s’incrustent et la possibilité de se libérer du mal qu’on pu nous faire…

Le lecteur adulte va voir tout ça. L’enfant, peut-être pas, ou alors à sa manière, subtile, profonde, qui comprend que l’imaginaire et la réalité ne sont jamais loin l’un de l’autre…

C’est un très beau livre, à offrir à un enfant, à lui lire, ou à lire pour soi…

Un beau livre aussi par son format, son beau papier, la couverture au carton texturé, rehaussé de dorures et de touches de couleur…

Le tome 2 (suite et fin de celui-ci) vient de sortir, mais le tome 1 pourrait presque s’achever comme ça, sur une fin ouverte à tous les imaginaires…

Un beau livre à conseiller à l’approche de Noël, vraiment…

Pour les enfants – l’éditeur conseille à partir de 10 ans, c’est un gros livre donc pour les bons lecteurs… mais très accessible à mon avis plus jeune, si on aime se plonger dans des gros livres…

Mais sans en priver tous les adultes qui ont gardé une âme d’enfant et l’amour des contes, des arbres et de la magie cachée au creux des jardins sauvages…