Mois : juillet 2021

Une fille dans la foule – Charlotte Bousquet

C’est un petit livre glissé dans mon sac, juste avant de partir, sur les conseils de ma grande… Il n’avait pas l’air trop long, je cherchais une lecture facile… pourquoi pas ?

Finalement, il est passé de main en main pendant ces vacances où, décidément, on aurait dû prendre plus de livres (les belles heures de lecture, avant ou après la plage, au chant des cigales… le bonheur, quoi !).

Première surprise : c’est un livre illustré. Ou plutôt, c’est une histoire avec des dessins. Parce que Roxane dessine. C’est elle qui raconte, sa vie de lycéenne de terminale, sa meilleure amie qu’elle suit sans trop savoir où est sa place, ses questions, ses doutes…

Charlotte Bousquet la fait exister, vraiment. C’est une vraie ado d’aujourd’hui, dont les copains participent à des marches pour le climat ou militent sur internet. Mais c’est surtout une vraie ado tout court, qui ressemble à l’ado qu’on a été à une époque où il n’y avait ni marche pour le climat ni internet, à l’ado qu’on a gardé en nous, quelque part… Quelle est ma place dans le monde ? Qu’est-ce que je veux vraiment ? Qu’est-ce que j’ai en moi à exprimer, à faire, qui soit à moi et qui ne vienne pas des autres ?

Parce que ce n’est pas (pas vraiment) un livre sur le climat. Même si tout commence par une manifestation pour le climat… Ce jour-là, quelque chose arrive, qui casse, abîme, et va demander à Roxane de se reconstruire… L’histoire de Roxane est donc aussi l’histoire de ce chemin pour revivre, et (re)devenir soi.

J’ai lu ce livre d’un trait, le trouvant tellement plus juste que d’autres histoires d’ados que j’ai pu lire avant, loin des stéréotypes – c’est une vraie ado donc une vraie personne, et c’est sans doute pour ça qu’on peut s’y reconnaître, quel que soit notre âge…

L’alternance du texte et des dessins a un sens, ou plutôt, les dessins font partie du récit. J’admire l’auteur d’avoir su créer cet équilibre-là.

C’est un livre qui parlera aux ados, mais pas que, parce que quand on raconte la vraie vie, on peut toucher tout le monde… Et un livre tourné vers l’espoir (ça, ça fait du bien !).

Pour feuilleter le livre, c’est ici. 😉

Lotta sait tout faire – Astrid Lindgren

Charmant. Adorable… avec une petite touche d’impertinence.

C’est comme ça que j’aimerais présenter Lotta sait tout faire. Petite pépite rapportée de la bibliothèque pour réconforter un soir de « jour sans », trop plein de grisaille et de tensions…

Astrid Lindgren, c’est une très grande dame de la littérature jeunesse… Sa petite Fifi Brindacier est la chouchoute de mes enfants depuis tout petits ! Mais je n’avais jamais lu encore d’autre livre d’elle.

Pour le coup, les enfants ont été plus rapides que moi : cela fait plusieurs semaines déjà qu’ils m’en parlent, à coups de « maman, tu devrais trop le lire… » Une telle unanimité, de 10 à 16 ans, ça interpelle !

Je me suis donc plongée dans Lotta sait tout faire, un soir… C’est un petit recueil de trois histoires, magnifiquement illustrées par le crayon tendre de Beatrice Allemagna… Et j’ai découvert la petite Lotta, presque 5 ans, aux minuscules aventures pleines de vie…

Parce que, comme me l’expliquait doctement mon loulou de 10 ans : « quand tu réfléchis, il ne se passe pas grand chose, en fait… » avant d’ajouter que « pourtant, c’est bien. » Mystère insondable pour ce grand garçon qui aime les aventures trépidantes.

On est plongé dans le quotidien à hauteur d’enfant, avec lapin de Pâques (et sorcières du Jeudi Saint !), excitation du sapin de Noël ou d’une première fois à vélo… avec une petite touche de dépaysement, donc, puisque ce quotidien est celui d’une petite suédoise (et visiblement, les traditions ne sont pas toutes les mêmes là-bas, d’où les sorcières du Jeudi Saint !).

Et c’est délicieux comme un bonbon du samedi…

Pour le feuilleter vous aussi, il suffit de cliquer ici…

À déguster pour les vacances, ou avant, ou après, avec des loulous de tous âges – mes enfants sont « un peu grands » pour ce livre… mais ils se sont régalés quand même ! Et même si ce n’est pas un album, il peut faire une belle histoire du soir pour des « un peu grands »… à la prochaine occasion, je le présenterai à mes petits lecteurs de moyenne ou grande section ! 😉

Brèves de solitude – Sylvie Germain

C’est un petit bijou de littérature.

Chaque chapitre est comme une nouvelle, petite perle ronde, polie, brillante. Toutes ensemble, elles forment autre chose, se complétant, se répondant, faisant écho… enfilées sur un fil qui n’est pas tout à fait une histoire, qui serait plutôt un lieu, un moment particulier…

Ce moment particulier, ce sont les jours qui précèdent l’apparition du Covid, et les jours qui suivent ce basculement que chacun a vécu à sa manière. Mais le coronavirus n’est pas le sujet du livre. Ce dont parle le livre, ce sont les gens, ces personnes qui se croisent, se côtoient, se rencontrent parfois et rarement, se comprennent…

Le livre commence dans un square : quelques arbres, des bancs, des jeux pour enfant plantés dans un tapis de mousse en plastique de couleur vive. Des passants s’y arrêtent, s’y croisent, des enfants y jouent. Tour à tour, nous entrons dans la vie de ces personnages, les regards se croisent, on va derrière les apparences… C’est une petite humanité en miniature, prise dans un périmètre de quelques rues et en même temps, universelle.

Puis chacun se retrouve enfermé dans son appartement, toujours trop petit, dans ce quotidien sorti du flux normal du temps, ensemble sans être ensemble…

Sylvie Germain s’amuse à nous entraîner chez l’un, chez l’autre, à nous les faire découvrir sous un autre angle, un autre nom, lever des malentendus… C’est la fois rempli d’humanité et un peu triste, comme si l’espoir était parti et pas encore revenu…

J’ai beaucoup aimé ce livre, son écriture, l’assemblage des ses chapitres nouvelles, les échos et les correspondances, ce récit doux-amer qui vient toucher au cœur… Je me demandais si le confinement inspirerait des œuvres littéraires et à quoi elles ressembleraient… Brèves de solitude est une belle réponse.